Qui sont les scouts d'Europe? Petit historique de la F.S.E

Publié le par Gerfaut

C'est en se souvenant d'où l'on vient que l'on peut affronter l'avenir avec détermination.

Beaucoup d'écrits ont paru ces dernières années sur la genèse du scoutisme européen. 
On lira par exemple avec profit "La Mémoire du Scoutisme" de Louis Fontaine, ainsi que "Scouts et Guides en Bretagne" de Christophe Carichon.
Ce dernier ouvrage retrace plus particulièrement dans un chapitre l'historique du mouvement Bleimor dont l'instigateur fut justement Perig Geraud-Keraod.
Un scout belge, Tom Depoorter, a fait également une tentative de genèse des scouts d'europe, mais à mon avis assez anecdotique.
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Un ouvrage vient de paraître, toujours sur le sujet, à l'occasion du cinquantenaire. Il s'agit de "la véritable histoire des scouts d'Europe", écrit par Jean-Luc Angélis, et paru aux Presses de la Renaissance. Je consacre un article spécifique  à cet ouvrage (voir page 2).

De tout cela il ressort un certain nombre d'éléments, de personnalités et de dates clefs dans l'histoire du scoutisme européen en France.

Je ne parlerai pas des Europa Scouts autrichiens, de Friedrich von Perko, et de ses frères ennemis allemands. Cette histoire est très embrouillée. 

En revanche on sait globalement qu' à l'occasion du Jamboree de Bad-Ischl de 1951 des chefs et des unités européennes se sont rencontrées, et ont plus ou moins jumelé.

Un roman du signe de piste retrace un peu cette atmosphère de fraternité européenne, dans un double contexte historique: la décolonisation, qui faisait se recentrer les nations européennes sur le voisin immédiat, et aussi la construction européenne avec la création de la Commission Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) en 1951-1952.

Ce roman intitulé "Le raid des quatre châteaux"écrit par le colonel Suire en 1954 sous le pseudonyme de X.B. Leprince, présente d'ailleurs en exergue, une profession de foi au scoutisme européen. On y trouve le baussant première mouture dessiné par Pierre Joubert.
Quand on sait que Jean-Claude Alain, fondateur de l'association française de Scouts d'Europe en 1958 était également auteur au "Signe de Piste", on ne s'étonnera pas de cette proximité.
Joubert avait fait plusieurs tentatives de dessin du Baussant dès les années d'après guerre. Il est donc par conséquent faux de dater le Baussant de 1966, lors du pèlerinage du Mont Saint Michel. Mais on y reviendra.
En 1956, Jean-Claude Alain est élu commissaire Fédéral d'une association essentiellement composée de chefs allemands (,
Karl-Hermann Bergner, Karl Schmitz ...)  quelques belges et anglais, la B.E.P., ancêtre de la F.S.E.  Il semblerait qu'il ait rencontré ces chefs lors d'un camp de sa troupe de scouts russes en 1955 à Bad Marienberg près du rocher de la Lorelei.
     En tous les cas il est convenu que chaque nationalité présente crée une association homologue dans son propre pays, ce qui sera le cas pour la France en 1958: traduit en français,  le Bund Europaeischer Pfadfinder devient Fédération du Scoutisme Européen.

Quelles étaient les idées de cette première F.S.E?

Du point de vue de la méthode, on reste dans le scoutisme classique, car en réalité, il n'y avait pas encore à l'époque de velléités de bouleverser le système voulu par Baden-Powell. Il y avait bien le système des "Senior-Scouts" en Grande-Bretagne, ou des Raiders en France, mais sur la base du volontariat. De toute manière ces propositions ne supposaient pas une suppression des textes de la promesse et de la loi.
           La différence se situe plutôt au niveau du fédéralisme qui est proné, des activités au niveau européen régulières, et un oecuménisme chrétien. C'est là en germe la première pierre d'achoppement, car si Jean-Claude Alain était pour un oecuménisme dans les unités, les autres étaient plus réservés, et préferraient une homogénéité de groupe. Parmi les chefs européens on trouvait des luthériens, des anglicans, et des orthodoxes en la personne du... français.
Son groupe, le Groupe du Saint-Sang était initialement composé de scouts russes blancs en France. L'Episcopat français de l'époque ne s'y était pas trompé d'ailleurs, car il avait crossé cette nouvelle association dès 1959 en raison de cette spécificité oecuménique, qui n'était pas du tout en odeur de sainteté avant le fameux concile
V2. Jean-Claude Alain était par ailleurs le directeur de la collection "Jamboree", un concurrent du "Signe de Piste".

Il est très difficile de trouver des informations fiables sur ce premier fondateur des scouts d'europe en France. On sait qu'il fut un auteur prolifique de romans de bonne tenue. Cependant la notice biographique reste limitée si on se contente de faire la liste de ses oeuvres. Je m'attacherai également par la suite à faire un portrait de ce personnage, parfois controversé.

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