La croix ou le pont (première partie)

Publié le par Gerfaut

PGK s'attache dans cet article de "Sturier" à analyser le sens de la réforme "pionniers",  sans langue de bois et avec beaucoup d'éloquence.

Le scout ne dressera plus de croix sur les sommets, mais construira des ponts dans la vallée !
 Telle est l’effarante citation qui nous est assenée par Herve Benoît dans ECRITS DE PARIS de juillet-août 1965 page 53.Quelle que soit l'origine de cette affirmation, nulle autre ne saurait mieux résumer la Bible du mouvement pionnier-ranger:"L' Ecole du Chantier". On
y trouve : "le souci de préparer le garçon pour un monde où la personne risque bientôt de n 'être plus jugée qu’a la mesure de sa productivité", le désir de se justifier 
aux yeux du public par le développement de la "mystique de la pelle", et surtout le discrédit systématique jeté sur l'article 6 de notre Loi Scoute:
 LA DECOUVERTE DE
 
DIEU DANS LA NATURE: "Est-ce que la nature, en définitive, est pour le jeune d'aujourd'hui un chemin d’accès vers Dieu ? L'a-t-elle d'ailleurs jamais été ?" (Lebouteux,page 111 ).

 

Ainsi,pendant 500.000 ans, l'évolution technique et artistique des hommes s'était placée sous le signe de la Religion d' une façon si étroite que l' histoire de l’art sur 1a terre est ,pour les quatre cinquième, l'Histoire de l'Art Sacré. L 'effort  d' anciens peuples tout entiers semble avoir consisté a dresser des alignements de menhirs, des temples,des cathédrales,qui ne servaient ni a nourrir,ni a abriter,ni a défendre les populations,ni a faciliter les transports des hommes.
Il a fallu attendre le siècle dernier pour voir naître Karl Marx et, avec lui, le nouveau Credo qui fait du beefsteak et du charbon les seuls buts de la vie humaine, la question du partage et des échanges devenant le grand problème de la vie en groupe.

Mais, grâce a la fameuse "accélération de l’Histoire ( ! ) Il a suffi de patienter un siècle de plus pour qu’un mouvement de jeunes chrétiens  tende à s’orienter vers une conception du monde assez cousine de la précédente, où les plus haut appels du Beau et du Vrai (la  croix sur la montagne) devraient céder le pas aux seules exigences de l'utilité. En prenant la place de l'Ecole de la Nature, l’Ecole du Chantier se donne en effet pour but essentiel la conquête d'une plateforme économique pour une jeunesse en pleine expansion. La pratique des entreprises et des chantiers, le système de la cogestion et de l'extra-job, le culte des

bulldozers et des marteaux piqueurs, même s'ils ne sont pas, à l'origine, exclusifs de vraie vie spirituelle, ne peuvent qu'amener les jeunes a laisser tomber cette part de l’homme qui échappe aux techniques et aux calculs du rendement matériel.
C’est ainsi que la jeunesse est sensibilisée au seul problème du niveau de vie alors que la question majeure est celle de sauvegarder dans le monde un style de vie. Quand toue vie humaine devrait être une ascension vers le Beau, comment un scoutisme chrétien pourrait-il refuser de prendre sa place dans cette course à la beauté dont les Saints ont été les champions ? Comment pourrait-il espérer jouer et gagner sa partie dans ce grandiose jeu de la création en rejetant les principes d’Ordre, d’harmonie et de hiérarchie qui en constituent la règle ?
(à suivre)

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